Une silhouette est une forme qui se détache sur un fond de couleur différent. Elle donne une allure ou la ligne générale d’un être. Les traits ne sont pas entièrement définis. Les proportions ne sont pas toujours respectées. Cependant, l’essence de cette personne, l’intention de son mouvement sont retraduits. C’est dans ce cadre que l’exposition « Silhouette » à la Galerie Géraldine Banier réunit trois femmes artistes dont le geste sûr créé des figures aux contours flous, des visages sans traits à la vive expression : Christelle Leloup, (Fr.) brodeuse, Sylvie Mangaud, (Fr.) sculpteur et René Romero Schuler, (Usa) peintre. Chacune d’entre elles met au cœur de son travail l’utilisation de la matière au-delà de l’aspect formel pour créer la plus juste émotion, capter la substance de l’être qu’elles ont choisi de nous partager.
Après une période sombre pour la peinture, où la sentence « de sa mort » s’est répandue d’Ouest en Est, une nouvelle liberté d’expression de ce medium est née, notamment la figuration abstractive. C’est dans ce courant pictural que s’inscrit le travail de René Roméro Schuler. Déliée des contraintes du détail, qui l’enfermait dans une obsessionnelle insatisfaction, René a créé un espace de dialogue avec la matière. Elle explore un processus de création méditatif et libre, où ses couteaux à palette sont guidés par la peinture. Ainsi, ses toiles laissent libre champ à l’observateur de s’approprier l’histoire qui leur est contée, de la faire sienne et de la continuer dans un nouveau dialogue intérieur et personnel.
On retrouve ces rapports, d’intimité avec la matière et de liberté de forme, dans le travail de Sylvie Mangaud. L’exploration du corps se construit sur la volonté de l’artiste d’exprimer une émotion, ou de capturer un geste. Pour cela, certaines lignes du corps sont accentuées ou étirées, les détails des visages sont estompés et le contour des sculptures est effiloché par le travail au couteau. Il semble que leur présence en est décuplée, que ces femmes vont rire, ou que ce guépard va continuer sa démarche nonchalante.
Brodeuse de l’atelier Vernoux, Christelle Leloup échantillonne pour la Haute Couture depuis 2014. C’est avec la complicité de son amie, Sylvie Mangaud, qu’elle explore ses croquis de sculpture. Les fils de soie, ou d’or se sont emparés des lignes fines de Fragile, Destinée et Zeus, et il règne un air joyeux et espiègle laissé par ses traits de fils en halo autour des broderies.
Ses silhouettes, capturés par le talent de ses femmes sont bien vivantes.