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Loin de la frénétique actualité, l'exposition "Corps et Ames" invite à l'exploration de la corporéité de l'âme.  Pour un temps suspendu,  la théorie de Baruch Spinoza,  "L'esprit et le corps sont une seule et même chose, conçue tantôt sous l'attribut de la Pensée, tantôt sous l'attribut de l'Etendue" prend la forme d'un dialogue artistique, intime et universel entre deux femmes. Chemin faisant, l'esthétique des sculptures de l'artiste française, Sylvie Mangaud et des peintures de l'artiste américaine, René Romero Schuler, laisse apparaître les expériences personnelles, les émotions, les doutes qui ont marqué leurs vies. Dans la matière triturée de la cire qui devient bronze, de la peinture à l'huile qui s'applique en de multiples couches, on décèle les aspérités de la condition humaine, le sensible s'expose.
 
Les silhouettes longilignes de Sylvie Mangaud prennent la pose. Les proportions irrespectueuses étirent gracieusement les corps nus, à la recherche d'une Beauté canonisée. On retrouve dans cet élancement, l'oeil du photographe, premiers amours de l'artiste. Elle capture cet instant fragile où la femme oscille, entre mouvements intérieurs et position sociale. Ces femmes se nomment Attitude, Déterminée, Insolente ... C'est avec le couteau que la texture souple de la cire est scarifiée. Puis ce relief s'adoucit par le toucher bienveillant de l'artiste, geste enrichi de son expérience cognitive de la morphopsychologie. Les sculptures prennent alors taille humaine et se confrontent directement à nos propres expériences. Elles s'appellent Destinée, Connivence, Charme. Les visages de ces femmes n'ont pas de traits définis, elles sont toutes. Seul un mouvement de la tête fait le lien avec l'émotion perceptible que dégage leurs corps. La texture qui les recouvre semble cacher leur nudité, car il n'y a rien d'obscène dans ces nus. Ils semblent drapés de leurs émotions et des soubresauts de leur vie.
 
Même si les femmes de René Romero Schuler sont habillées, leur fragilité joyeuse est prégnante. Elles utilisent les codes de la figuration abstractive et semblent s'échapper de contes rupestres pour tendre vers une image holographique saturée qui les rend intemporelles. Les fonds colorés paraissent exprimer la couleur de l'âme qui se dévoile avec ses nuances, ses ombres. La peinture à l'huile superposée en fines couches fait surgir une structure qui  s'apparente à une terre argileuse où l'eau, symbole de vie, aurait creusé des sillons. Ces femmes ont un prénom, unique, choisi par l'artiste. Une identité singulière. Elles sont légèrement en lévitation, comme si elles s'étaient détachées de l'enracinement terrien pour atteindre une liberté émotionnelle et heureuse que rien ne pourrait empêcher.
 
Est-ce l'usage du couteau, la matérialité de ces œuvres, la forme éthérée de ces silhouettes, ou les reflets des bronzes de Sylvie dans l'or de certaines toiles de René,  mais comme par un jeu de miroir, toutes ces femmes conversent. Une complicité de l'esprit se dégage faisant ainsi écho à Gustave Flaubert, (La Tentation d'Antoine) "Pour que la matière ait tant de pouvoir, il faut qu’elle contienne un esprit. ».
 

Corps et Ames

14 Juin - 21 Septembre 2019

 

Sylvie Mangaud

René Romero Schuler