L’ exposition Passager rassemble quatre artistes dont l’œuvre explore les enjeux de la crise migratoire. À travers des pratiques conceptuelles, des procédés performatifs ou figuratifs, ces artistes témoignent de ce temps suspendu où l’Histoire n’a pas encore tranché. 
 
Nous ne sommes en rien des objets soumis à quelque destin, mais des passagers conscients et mortels, agissant sur cette planète. Nous sommes des dépositaires et passeurs d’expériences, de savoirs, échangeant en projections leurs questionnements, leurs ambitions, leurs idées, rêves et idéaux, leurs luttes et combats pour avancer en résonances, par nos unicités partagées.
 

Albert Jacquard, Août 2013.
 
L’ installation au sol de bois flotté et d’eau de Maguy Banq, nous invite à suivre le périple semé d’embuches parfois mortelles des réfugiés. Le regard de l’observateur, distancié de sa hauteur, se pose sur ces personnages de bronzes. Ils semblent bien fragiles. Loins. Pourtant, si l’on s’approche on peut découvrir, les liens humains qui se tissent devant l’adversité. Solidarité. Amitié. L’artiste a choisi de faire basculer la balance vers ce qu’il y a de meilleur en nous.
 
D’ origine Sénégalaise, Mouhamadou Moustapha Diop, est un  acteur et témoin de ce flux des populations. Vidéaste, peintre ce jeune artiste de 34 ans met en couleur les vols migratoires. Allégorie poétique où les oiseaux traversent des champs de barbelés, surmontent les murs de ciment. Sur les toiles, quelques mots inintelligibles d’une pensée confuse nous invitent à déchiffrer l’incohérence et le chaos qui laissent immobiles, peut être sans vie, ces volatiles, icônes de la liberté.
 
Symbole de la marche, le pied est au coeur des œuvres de Marco Cordero. On retrouve son empreinte, sculptée dans un livre, montagne de savoir, de sagesse, qui se découpe sur une ligne d’horizon où les mots apparaissent dans l’aube d’un nouveau jour. On tourne autour du tapis de livres, celui où l’on s’essuie les pieds, celui qui accueille à l’entrée des maisons nos hôtes. Un grand canyon béant s’y découpe. Vertigineux.
 
La série photographique « Who deserves our lifejackets ?» de Nicolas Demeersman, joue avec l’esthétique des pages de papier glacé des magazines. La collection de gilets de sauvetage se décline dans des tissus aux imprimés qui vont de la wax africaine au logo Yves Saint Laurent. Portés ou désincarnés. Les gilets prêts à porter, de taille unique, sont présentés sur les murs de la Galerie. Ils semblent être les trophées d’une bataille sans merci. 

Passager

28 Septembre - 24 Novembre 2018

 

Maguy Banq

Marco Cordero

Nicolas Demeersman

Mouhamadou Moustapha Diop