L'œuvre de Victor Freso est moderne et occidentale. Toutefois, son point de départ est l'Europe de l'Est, le pays dans lequel il a été conçu.
Dans « Aladin », le Génie de la lampe magique s’élève comme de la fumée et prend une forme gigantesque pour s'envoler partout dans le monde. De la même manière, le travail de Victor s'épanouit de ses racines et prend son envol en Europe et dans le reste du monde avec la nostalgie de son origine.
Une des œuvres présentées pour cette exposition est une sculpture moderne sur un pot traditionnel. Son œuvre explosive contient de l'humour nostalgique. C'est comme le regard d'un étranger qui observe l'Europe occidentale avec ses pieds touchant ses racines. C'est là que commence son œuvre.
Dans le monde de l'art contemporain, Jeff Koons a frappé les galeries internationales et les meilleurs collectionneurs du monde avec ses œuvres. Cette fois, c'est Viktor qui a frappé Jeff Koons. Koons se moquait de la tradition et du monde de l'art par la langue de l'art contemporain. Viktor travaille dans son langage personnel, contrairement à Jeff Koons et à l'art contemporain.
Si la bouffonnerie de Koons est une bouffonnerie froide, celle de Victor est une bouffonnerie chaude. Si l'expérience de Koons comme un revendeur à succès qui a gagné des millions de dollars à un jeune âge a donné lieu à son audace. La force de l'histoire bien enracinée de Victor suscita son courage.
Il n'a pas perdu son originalité malgré l'invasion de l'art contemporain en Europe Occidentale. Même si son œuvre est provocatrice, elle n'est pas violente, grâce à la sensibilité enfantine de l’artiste.
Je considère cette pureté propre à l'Europe orientale. Je l'ai vécu, je l’ai vu. En 1999, j'ai fait un séjour d'un mois à Prague pour rendre visite à un ami. Pour moi, les étudiants des écoles d'art de Prague étaient plus magnifiques que Prague. Les étudiants étaient honnêtes, purs. Ils n’étaient pas contaminés par le capitalisme de Europe de l'Ouest. Dans une situation où l'Europe de l'Est s'ouvrait, les élèves semblaient perplexes devant l'invasion de la culture occidentale.
Tout comme le livre blanc est facilement coloré de peinture, leurs sensibilités pures étaient risquées face aux tentations astucieuses des cultures occidentales et américaines. Une telle situation m'a fait penser aux œuvres présentées au pavillon de l'Europe de l'Est à la Biennale de Venise en 1999, la même année. Des artistes établis plus âgés ont suivi l'ancien modernisme de l'Europe de l'Ouest. Ils ont hissé le drapeau blanc sur les vagues de pouvoirs étrangers. Par contre, la jeune génération a refusé de se rendre. Ils erraient entre leur propre pureté et les tendances sans précédent des Occidentaux.
Après avoir fini ses études à l'Académie des Beaux-Arts à Prague 2003, le travail de Viktor a trouvé sa place dans la vague de pluralisme créée par l'Europe occidentale. Mais sans être emporté par elle, il a toujours gardé ses racines. Viktor navigue aujourd'hui sur cette vague de pluralisme avec ses œuvres.
Quand je vois Viktor, il me rappelle Emir Kusturica. Non à cause de l'apparence de l'artiste, mais parce que les questions et les cris des films du cinéaste envers la société occidentale font partie du travail de Viktor. Ces voix s'affrontent d'une manière singulière face à la société occidentale et à notre société.
Jungmin CHOI
Docteur en Arts Plastiques de Université Paris I Panthéon Sorbonne