Les peintures de la série Fake Abstract proviennent d’une expérience de la matière (comme toutes les idées). Une peinture vous mène à une autre peinture, et le début de Fake Abstract se situe dans les éclats de couleurs et les interventions que je pratiquais dans les séries précédentes sur des images réalistes.
Pour moi, la caractéristique la plus intéressante de la réalité humaine est le choc perpétuel entre la nouveauté et l’héritage. Quelque chose de similaire à ce que nous appelons le «conflit des générations», mais à une plus grande échelle.
J’ai essayé de représenter dans un seul morceau de toile la lutte des idées contradictoires que nous avons dans notre société. C’est ce qu’on appelle la philosophie dialectique qui, dans la vie réelle, signifie quelque chose comme «Tais-toi, tu ne sais pas de quoi tu parles».
Tout le monde a une opinion, il n’y a donc aucun moyen d’éviter un certain degré de stress dans la façon dont l’histoire se développe dans une société elle-même ou contre d’autres sociétés et cultures. D’ailleurs l’idée des Fake News n’est peut-être qu’un aspect de cette lutte entre des intérêts contradictoires.
En appliquant ces idées à la peinture, j’arrive à la conclusion qu’un seul style ne peut pas représenter la confusion de notre réalité. Je peins donc un seul tableau comme si deux personnes différentes travaillaient sur ce tableau. Oui, il s’agit d’un degré de schizophrénie, mais on en trouve partout.
Nous obtenons donc ceci :
Dans une partie du tableau, je suis une technique classique en copiant à l’huile, des portraits présentant l’idée académique de la beauté, traditionnellement représentée par une image féminine. Il n’y a pas besoin de le dire... ce concept de la beauté est le plus remis en question, oublié en fait par l’académie de l’art contemporain.
Le reste de l’image est une abstraction brillante, plate et nihiliste qui nous laisse voir, à travers une simple ligne, un petit fragment d’une réalité qui disparaît.
Les deux styles sont... pure décoration, pure Académie, pure Fake
Lino Lago.